L'ontologie du capitalisme chez Gilles Deleuze (La philosophie en commun) (French Edition) by Julian Ferreyra

L'ontologie du capitalisme chez Gilles Deleuze (La philosophie en commun) (French Edition) by Julian Ferreyra

Auteur:Julian Ferreyra
La langue: fra
Format: mobi
Éditeur: L'Harmattan-A
Publié: 2010-06-10T23:00:00+00:00


L’inquiétude

Mais voilà que l’ensemble de séries convergentes qui constituent le monde n’épuise pas l’étoffe de la réalité. Si tel était le cas, nous nous trouverions encore dans une représentation centralisée, le « point de convergence » en étant le centre. Certes, on me fera l’objection qu’un tel point n’existe pas, puisque la convergence effective n’est jamais atteinte, puisque dx et dy ne se rencontrent jamais, leur distance s’évanouissant à l’infini. Mais cela n’empêche pas que le foyer (que Deleuze appelle « point métaphysique »372) qui se constitue autour de ce point impossible puisse bien être le « centre » du monde. Ceci, s’il n’y avait qu’un unique foyer ou point métaphysique. Mais il n’en est rien. Dans le monde baroque, les points métaphysiques vont à l’infini. Ils sont plus populaires sous le nom de monades.

Il ne faut pourtant pas penser que le monde soit constitué d’une infinité de monades. Bien au contraire : le monde est dans la monade. Dans une sorte d’inversion heideggérienne, ce n’est pas la monade qui est jetée au monde, mais le monde qui est jeté dans chaque monade. En effet, la particularité de chaque monade, son individualité, consiste à être un point de vue sur le monde. Il est vrai que chacune d’elles contient le monde entier. Mais le monde n’est pourtant pas entièrement contenu de façon claire. Pour chaque monade, il n’y a qu’une région claire, son département à elle. Le reste gît dans l’obscurité, enveloppé dans les plis qui l’entourent. En attendant, peut-être, un jour, de devenir clair. Un jour, peut-être, les plis de l’âme se déplieront tous.

Ainsi, si la monade contient le monde, il y a de l’infini en elle. La région claire, le département d’une monade, est elle aussi le résultat d’un rapport différentiel au sein même de la monade. L’univers de la monade est rempli d’une infinité de petites perceptions obscures, confuses. Ce sont de petits plis dans tous les sens, « plis dans plis, sur plis, selon plis »373. La clarté découle du rapport différentiel entre ces petites perceptions qui tendent à s’évanouir. En ce sens, il appartient à la perception leibnizienne de « pulvériser le monde »374 ; encore un élément de l’ontologie de Leibniz qui tend à l’infini, et, qui si elle se pulvérise dans une infinité d’éléments, arrive à tenir dans la représentation orgique : « une perception consciente se produit lorsque deux parties hétérogènes au moins entrent dans un rapport différentiel qui détermine une singularité »375. Dans la mesure où elles restent obscures, inconscientes, elles sont comme un « brouillard », une « rumeur », une « danse ». Elles constituent notre inquiétude.



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